Marie-Louise Bombec naît à Limoges le 27 février
1898. Orpheline de père à l'âge de 10 ans elle est
issue du milieu ouvrier. Pendant la première guerre mondiale,
en 1915 et à peine âgée de 17 ans, elle se marie
contre l'avis de sa famille avec Jean Baptiste Gourinchas avec qui elle
a un fils prénommé Germain la même année.
Très rapidement elle demande le divorce et l'obtient en 1920.
Elle est alors " piqueuse sur cuir " dans une usine de chaussures.
En 1917 elle prend son baptême de l'air.
En 1918 elle est secrétaire-dactylo à la Compagnie d'Electricité
de Limoges.
En 1922 elle se remarie avec son filleul de guerre, le lieutenant aviateur
Louis Bastié avec lequel elle gère un magasin de chaussures
à Cognac. Puis Louis Bastié devient moniteur à
l'école Camplan de Bordeaux-Mérignac en 1925 et c'est
à cette époque que se confirme le penchant de Maryse Bastié
pour l'aviation. Elle apprend à piloter avec son moniteur Guy
Bart, et obtient son brevet le 29 septembre 1925.
Bien décidée à rentabiliser son brevet elle cherche
à attirer sur elle l'attention d'un employeur et pour ce faire
n'hésite pas dés le 6 octobre à passer avec son
Caudron G3 sous les câbles du pont transbordeur de Bordeaux. Le
15 octobre 1926, Louis Bastié se tue dans un accident d'avion.
Maryse Bastié " montée " à Paris, donne
des baptêmes de l'air et fait de la publicité aérienne.
Elle fait également des démonstrations d'extincteurs de
bord pour aéronefs. Pour cela un système mettait le feu
au moteur en vol puis Maryse Bastié se posait et munie de son
extincteur elle éteignait l'incendie.
1926, année noire pour notre aviatrice qui ne totalise que deux
vols de 20 minutes chacun. Mais c'est aussi cette année-là
qu'elle choisit sa devise : " Savoir vouloir ".
En 1927 elle fait des baptêmes de l'Air à l'école
PILAIN d'Orly ainsi que de la publicité aérienne. Elle
fait la connaissance du pilote Drouhin qui disparaitra aux commandes
de l'Arc en ciel de Couzinet en 1928.
Obstinée elle se fait prêter un avion Caudron C-109 et
un moteur Salmson. En Juin 28 elle remporte un prix de 25000 F avec
Drouhin qui lui permettent de s'acheter le Caudron C-109 en prêt.
Le 13 juillet 1928, elle s'adjuge avec Drouhin, le record du monde de
distance en ligne droite avec 1058 km. La même année elle
décroche la licence de transport public. Elle est la première
femme à obtenir ce brevet en France.
Et elle enchaine les records et les tentatives. En 1929 le record de
France féminin de durée avec 10h30' de vol, une tentative
avortée à cause du moteur, une autre tentative qui ne
va pas à son terme mais le record international de durée
est quand même battu avec 26H48 en juillet 29.
Le 1er avril 1930 elle se rend en Allemagne prendre livraison de son
KLEMM 25 F-ARMB qu'elle baptise " Trottinette "
Le 2 septembre 1930 elle bat le record d'endurance que détenait
Léna Bernstein avec 37h55'. Sa résistance physique a été
mise à rude épreuve. A sa descente d'avion, elle déclare
: " la durée, c'est trop dur ! Pour rien au monde je ne
recommencerai !" Cet exploit ayant été réalisé
avec un avion propulsé par un moteur SALMSON, cette société
lui offre une voiture. A partir de cette date elle lui fournira une
voiture neuve tous les deux ans jusqu'à sa mort en 1952 !
De la même manière la maison Christian Dior a honoré
notre aviatrice en lui offrant au moins deux robes. Ce sont ces robes
que nos amis du Conservatoire Aéronautique du Limousin avaient
apportées à Lyon où elles furent exposées
à la médiathèque de Bron pendant la quinzaine Maryse
Bastié que nous avons organisée en octobre cette année.
En octobre 1930, nouvelle monture. Elle achète un Caudron C-230.
Le 28 juin 1931, elle décolle du Bourget et se pose à
Yurino (Russie) après 30h30' de vol et 2976 km parcourus à
97 Kmh de moyenne. Cette performance lui vaut la croix de chevalier
de la Légion d'Honneur et le très prestigieux et très
convoité Harmon Trophy américain.
En 1932 elle quitte Salmson pour POTEZ - célèbre constructeur
d'avions - et présente les avions de ce constructeur en France
et en Afrique du Nord.
En 1934 avec Hélène Boucher et Adrienne Bolland elle
se lance dans le combat féministe pour le vote des femmes. En
fin d'année son état de santé lui vaut un retrait
provisoire de licence et elle doit se faire soigner à Megève.
Le 6 juin 1935, nouveau coup du sort. Son fils Germain meurt en Tunisie
de la fièvre typhoïde.
Août 1935, elle fonde avec Guy Bart une école de pilotage
à Orly qui n'aura qu'une existence éphémère.
En fin d'année elle forme le projet de battre le record de la
traversée de l'Atlantique sud qui est détenu par Joan
Batten en 13h39'.
Elle s'astreint à une préparation minutieuse, qui lui
fera notamment faire un aller-retour transatlantique avec Jean Mermoz.
Le 30 décembre 1936, à bord de son Caudron 635 SIMOUN
F-ANXO elle bat le record de la traversée de l'Atlantique sud
en 12h5'. En Amérique du sud elle poursuit son périple
jusqu'à Montevideo où elle abandonne son Simoun qu'elle
retrouvera en triste état quelques années plus tard. A
son retour, elle devient l'héroïne d'une succession de réceptions,
d'honneurs, de banquets et de remise de décorations. Elle est
promue officier de la Légion d'Honneur. Jean Mermoz, lui, a disparu
en mer le 7 décembre de la même année aux commandes
de l'hydravion Latécoère 300 " la Croix du Sud ".
De novembre 37 à mars 38 et toujours avec un Simoun elle repart
en Amérique du Sud pour un cycle de conférences au terme
duquel elle abandonne à nouveau son avion sur place.
Elle ouvre ensuite une école d'aviation qui porte son nom. Lors
de l'offensive allemande de mai 1940, elle offre ses services à
la Croix-Rouge et s'active auprès des prisonniers français
au camp de Drancy. Lors du départ d'un train vers l'Allemagne,
elle se fracture le coude droit et en garde une invalidité. Elle
ne pourra plus piloter que des avions de tourisme. Sous couvert de son
activité à la Croix-Rouge, elle recueille des renseignements
sur l'occupant.
Après la Libération de Paris, elle s'engage dans les auxiliaires
féminines de l'Armée de l'Air avec le grade de lieutenant
puis elle est démobilisée en 1946.
En 1947, elle est promue au grade de commandeur de la légion
d'honneur pour " titres de guerre exceptionnels et faits de résistance
".
En 1951, elle entre au service des relations publiques du Centre d'Essais
en Vol. C'est dans ce cadre qu'elle prend place à bord du "Nord
2501 Noratlas 02 F-WFUN" présenté lors du meeting
du 6 juillet 1952 à Bron et qu'elle trouve la mort avec l'équipage
du Commandant Penninckx. L'aviatrice reçoit l'hommage posthume
de la nation et de toute la famille aéronautique. Un monument
est érigé face à l'aérogare de 1930. Il
sera plusieurs fois déplacé. On peut le voir aujourd'hui
sur l'aéroport de Bron en face du bâtiment de la Météo.
Il existe peu de traces de la présence ou du passage de Maryse
Bastié à Bron en dehors du meeting fatal. Nous ne possédons
qu'un cliché la montrant dans les bras de M. Burlaton de l'Aéro-club
du Rhône et du Sud-Est.
La ville de Lyon et la municipalité du 8eme arrondissement ont
tenu à rendre hommage à Maryse Bastié en donnant
son nom à une longue artère qui va de la rue du Pr Beauvisage
jusqu'à l'Avenue des Frères Lumière. Boulevard
Jean XXIII une station du tramway Ligne T2 porte le nom de notre aviatrice
associé à celui du Pape. Depuis cette station on peut
voir un mur peint faisant la publicité d'un restaurant situé
dans la même rue et s'appelant
Le Maryse Bastié.
Un Centre Médico-Psychologique et une boulangerie honorent également
notre héroïne. La ville de Bron, pour sa part, à
donné son nom à une rue située dans la Zone d'Activités
St Exupéry. Pour finir, la Chambre de Commerce de Lyon a donné
son nom à une salle de réunion du 1er étage.
La SLHADA qui avait organisé une exposition sur Maryse Bastié
en 2002 à l'occasion du Cinquantenaire de sa disparition à
renouvelé cette initiative en 2012 pour le 60eme anniversaire.
Du 4 au 14 octobre trois manifestations ont eu lieu : une conférence
dont le thème était " les femmes de l'air "
s'est tenue à la maison des sociétés de Bron. Une
exposition intitulée " Maryse Bastié et d'autres
femmes de l'Air " organisée en partenariat avec l'Association
Française des Femmes Pilotes et le Conservatoire Aéronautique
du Limousin à la médiathèque de Bron. N'oublions
pas, en effet, que Maryse Bastié est née à Limoges.
Enfin une cérémonie civile et militaire a célébré
le souvenir de Maryse Bastié devant la stèle qui rappelle
l'accident dont elle et l'équipage du Nord 2501-02 F-WFUN furent
victimes
Si, depuis longtemps, il n'est plus organisé de cérémonies
officielles pour commémorer le souvenir de notre grande aviatrice,
il faut toutefois saluer l'initiative des élèves de la
promotion 2007 de l'Ecole Militaire de l'Air de Salon de Provence qui
le 6 décembre 2007 ont choisi de venir à Bron déposer
une plaque au pied du monument. Curieusement, ces militaires ont souhaité
mettre l'accent sur le fait qu'elle fut la " première aviatrice
française brevetée transport public ". Néanmoins,
l'Armée de l'Air commémore la disparition de Maryse Bastié
tous les ans le 6 juillet sur la Base Aérienne du Bourget.
En conclusion il faut insister sur le fait que Maryse Bastié
était une femme qui ne disposait d'aucune fortune personnelle.
Passionnée par l'Aviation elle résolut d'en faire son
" casse-croute " comme elle le disait. Elle s'est fait prêter
des avions et des moteurs pour battre ses records. Ce qui lui apportait
quelque finance lui permettant de continuer à voler. En ce sens
égalementi elle était exemplaire.
|